L'ONPP demande un droit de réponse à la revue UFC Que Choisir Santé
Faisant suite à l'article « Semelles orthopédiques : Sont-elles vraiment utiles ? » paru dans la revue UFC Que Choisir Santé de juillet/août, le Président de l’ONPP souhaite exercer un droit de réponse contre cet article décrédibilisant l'action de la profession auprès de ses patients
Faisant suite à l'article « Semelles orthopédiques : Sont-elles vraiment utiles ? » paru dans la revue UFC Que Choisir Santé de juillet/août, le Président de l’Ordre National des Pédicures-Podologues, souhaite exercer un droit de réponse conformément aux dispositions de l’article 13 de la loi du 29 juillet 1881 sur le droit de la presse.
En effet, l’article susmentionné apporte des informations partielles, induisant le public et les patients en erreur, et porte atteinte à l’honneur de la profession des pédicures-podologues en décrédibilisant l’action des 14.000 pédicures-podologues auprès de leurs patients.
En tant que garant de la profession des pédicures-podologues expressément prévu à l’article L.4322-7 du code de la santé publique, il entend exercer un droit de réponse au nom de la profession et demande donc au directeur de la publication de l'UFC Que Choisir Santé d’insérer dans le prochain numéro de son journal le texte suivant :
Le Conseil national de l’Ordre des pédicures-podologues s’offusque devant la parution de l’article « Semelles orthopédiques : Sont-elles vraiment utiles ? » de la revue UFC Que Choisir Santé de juillet/août et constate que les références faites au sujet de l’inefficacité des orthèses plantaires reposent sur les dires d’un masseur-kinésithérapeute, représentant le collectif Fakemed ayant comme leitmotiv de présenter le fait scientifique comme un argument d’autorité. Ce collectif en chasse contre tout ce qui n’est pas allopathique semble avoir choisi aujourd’hui le pédicure-podologue comme cible.
Cet article est annoncé comme un « débat » mais la profession de pédicure-podologue n’a malheureusement pas pu intervenir dans ce débat. Le seul intervenant de notre profession interrogé s’est in fine retiré de la publication devant le refus de prendre en compte les nombreuses références à la littérature internationale (près de 6.000 publications).
Vous vous appuyez sur le rapport de la Haute Autorité de Santé, sans préciser que la Commission nationale d’évaluation des dispositifs médicaux sur mesure et des technologies de santé (CNEDiMTS), composée de médecins, a estimé et conclu que le service rendu des orthèses plantaires sur mesure à visée thérapeutique, qu’elle soit correctrice ou de compensation, est jugé suffisant.
Peut-on croire que les médecins proposent à leurs patients de plus en plus souvent un bilan en pédicurie-podologie sans motif valable ? Peut-on imaginer que les patients se trompent lorsqu’ils manifestent une amélioration significative avec des semelles orthopédiques justement proposées ou sollicitent le renouvellement des orthèses plantaires ayant amélioré leur situation symptomatologique ?
Il est ensuite fait état du coût des semelles orthopédiques. Il est important de rappeler que les honoraires du pédicure-podologue intègrent le bilan diagnostic podologique pour une consultation de 30 à 45 minutes, une consultation de remise et d’adaptation des orthèses ainsi qu’une consultation de contrôle à un mois. Le cahier des charges concernant la délivrance des semelles orthopédiques oblige le pédicure-podologue à prendre à sa charge le suivi du traitement pendant six mois en pourvoyant à toutes les modifications nécessaires.
L’article indique que l’efficacité des semelles au-delà du pied et de la cheville « est beaucoup plus discutable » et précise que des prescriptions pour des douleurs lombaires ou cervicales sont réalisées « à tort » et que « leur efficacité n’est pas plus avérée dans les douleurs de hanche ou de genou » laissant ainsi croire que ces prescriptions reposent sur des croyances des pédicures-podologues. Cet argument méprise la loi et le domaine de compétences des pédicures-podologues. Pour rappel, l’article L.4322-1 du code de la santé publique dispose que : « Les pédicures-podologues analysent et évaluent les troubles morphostatiques et dynamiques du pied et élaborent un diagnostic de pédicurie-podologie en tenant compte de la statique et de la dynamique du pied ainsi que de leurs interactions avec l'appareil locomoteur ».
De manière tout à fait subjective, la suite de l’article limite les indications des orthèses aux pathologies du pied (hallux valgus, Morton) et limite leur action au soulagement de la douleur, quand dans le même temps, des soins complémentaires (kinésithérapie) en traite la cause ! Nous sommes surpris d’apprendre dans un article pourfendeur de fake-médecine que la kinésithérapie traiterait ainsi les causes de l’hallux valgus et du syndrome de Morton… Nous nous interrogeons sur la légitimité du témoignage des deux masseurs-kinésithérapeutes, dont l’objectif est clairement de défendre leur profession et qui, dans un blog[i], assuraient qu’ils étaient « totalement à côté de la plaque » s’agissant des domaines hors de leur compétence.
En guise de conclusion, l’article fait un rapide comparatif entre semelles préfabriquées et semelles sur mesure et affirme qu’il n’est pas rare que les premières soient aussi efficaces que les secondes. Voilà encore une fois une affirmation surprenante et non étayée scientifiquement.
Le Conseil national de l’Ordre des pédicures-podologues ne peut que s’offusquer devant la parution d’un tel article à charge pour la profession du pédicure-podologue et à l’égard du domaine de compétence inscrit dans l’article sus-cité du code de la santé publique.
Si le faible niveau de preuve concernant l’efficacité des semelles orthopédiques dans la littérature francophone est un fait acquis, il s’agit d’une préoccupation dont le Conseil national de l’Ordre des pédicures-podologues s’est saisi depuis longtemps en multipliant les efforts pour y remédier. Par exemple, le Collège national de pédicurie-podologie a été ainsi constitué le 2 octobre 2014 à son initiative, ayant pour objet d’apporter un soutien à des actions scientifiques, travaux et publications en lien avec la pédicurie-podologie.
Enfin, le Conseil national de l’Ordre des pédicures-podologues travaille en ce moment à la réforme de la formation initiale du pédicure-podologue en l’intégrant au cursus universitaire. Un tel changement permettra d’augmenter le nombre de pédicures-podologues en master voire en doctorat, multipliant ainsi les recherches et les publications d’études scientifiques.